LE FRONT POPULAIRE IVOIRIEN EST- IL EN MARCHE VERS LE SUICIDE POLITIQUE ?
Après les récentes déclarations des camarades Mamadou KOULIBALY et Miaka OURETTO respectivement Vice président et Secrétaire général du Front Populaire Ivoirien (F.P.I.), il convient de s’interroger si l’histoire de la vie politique ivoirienne se répète, tant la capacité de nos dirigeants à reproduire les erreurs de leurs prédécesseurs est forte.
Pour mieux comprendre notre interrogation et bien que le contexte soit quelque peu différent, un retour sur un épisode douloureux de notre histoire politique s’avère nécessaire car, à y voir de près, derrière les événements, ce sont les mêmes pratiques qui guident certains hommes politiques.
En 1951, à l’occasion de l’inauguration du port d’Abidjan par le ministre d’outre mer François Mitterrand, les ivoiriens aperçoivent dans les tribunes, aux côtés du gouverneur Péchoux, leur député, le député Félix Houphouët.
La présence du leader incontesté des masses laborieuses ivoiriennes aux côtés de leur bourreau a tellement choqué les populations abidjanaises que celles-ci, dans un silence écrasant, se détournaient au passage du cortège des autorités.
Cette réaction des populations est révélatrice de ce qu’elles estimaient être la trahison de leur leader qui venait de signer à Paris le désapparentement d’avec le parti communiste français alors que ses compagnons, et non des moindres, croupissaient, depuis 1949, à la prison de Grand Bassam pour avoir porté haut le combat de l’émancipation.
Ce bref retour historique est significatif dans la mesure où il marque un tournant dans la lutte contre le joug colonial d’autant plus que c’est à partir de ce moment que l’houphouétisme a livré la Côte d’Ivoire à la France en appliquant une maxime chère à Houphouët, « si tu ne veux pas chuter, restes couché ».
Le rêve des populations ivoiriennes repris par le combat du Président Laurent GBAGBO et des patriotes vient-il à nouveau de se briser par le coup d’Etat perpétré par la France, le pays colonisateur ? Dont Mathieu Ekra disait symptomatiquement
« Le colonialisme, cet avorton hideux de l’impérialisme, ne vit et ne prospère que sur le fumier des cadavres humains. La liberté et l’abondance sont incompatibles avec les intérêts des banques et du gros commerce ».
Nous sommes tentés de répondre par l’affirmative car l’attitude de certains responsables du F.P.I n’est que la pâle copie du scénario orchestré par Houphouët Boigny, même si dans la situation actuelle, le leader et les principaux acteurs du parti se trouvent arbitrairement emprisonnés.
En effet, la promptitude avec laquelle les camarades Mamadou Koulibaly et Miaka OURETTO appellent à reconnaître et à collaborer avec la République Ouattarienne, sans au préalable exiger la libération des camarades, et non des moindres, incarcérés, interpelle tout militant, d’autant plus que le camarade AFFI Nguessan, Président du Parti a défini, quelques temps auparavant, les contours d’une réconciliation nationale.
Cet appel de nos camarades traduit plutôt la volonté de la tendance droitière du parti à en prendre le contrôle et à travailler en étroite collaboration avec le Gouverneur de la France en respectant scrupuleusement son autorité sans jamais chercher à empiéter sur lui.
De même que le désapparentement et la politique de collaboration d’Houphouët a tué dans l’œuf l’espoir des masses laborieuses ivoiriennes qu’incarnait le PDCI-RDA, cette tentative de neutralisation du F.P.I par les forces rétrogrades aboutirait inévitablement à la mort politique de notre parti par l’isolement idéologique des partisans de la libération de la Côte d’Ivoire.
De ce fait, au-delà des prises de position des camarades KOULIBALY et OURETTO, se joue la survie du F.P.I.
Conscientes de l’enjeu qui se trame, les forces sociales du changement s’apprêtent à apporter, au moment opportun, la réplique à ce courant dont le comportement de leurs dirigeants n’est pas exempt de reproches et l’objectif n’est autre que l’assujettissement des ivoiriens à l’hégémonisme de la France.
Fort de notre histoire commune, les militants du F.P.I et l’ensemble des patriotes manifesteront certainement leur désapprobation envers tous ceux qui, en dépit du bon sens et de l’éthique politique, fourvoieraient la lutte engagée depuis un certain temps, en engageant le parti dans une forme de collaboration avec le « nouveau pouvoir », alors que les camarades remplissent toujours les prisons et que la menace d’une arrestation pèse sur des gens suspectés d’être pro-GBAGBO.
Cependant, engager les discussions avec le RHDP pour la libération de nos camarades dès lors que des procès sont prévus dans les prochains jours (même s’il est vrai que pour l’instant l’on ne parle que d’auditions), semble-t-il judicieux et augurerait-t-il de la bonne foi des « nouveaux dirigeants » à instaurer une démocratie apaisée.
Parallèlement à ces discussions et parce que demain c’est déjà aujourd’hui, les démarches relatives à la tenue des états généraux du parti viendraient redéfinir les orientations politiques de notre parti après une auto critique de la gestion du pouvoir et de la guerre.
Camarades, levons nous et barrons de toutes nos forces cette tentative de caporalisation de notre parti.
SECRETAIRE FEDERAL DES « 3A »