Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Ivoir-Opinion

FRANÇAFRIQUE, BOURGI ET TRALALA

13 Septembre 2011 , Rédigé par ivoir-opinion Publié dans #côte d'ivoire

Les récentes accusations de Robert BOURGI sur les mallettes de la françafrique relancent le vieux débat sur les pratiques des relations entre les dirigeants hexagonaux et leurs homologues africains. Ivoir-opinion en son temps avait mis en exergue ce type de transaction à travers l’article ci-dessous intitulé, Ce que Houphouet, Bédié et Ouattara donnaient aux partis politiques français, suite au documentaire sur la françafrique.

Ces derniers jours, il nous a été donné de regarder le documentaire sur la Françafrique. Nous avons beaucoup appris sur ce système d’autant plus que pour nous ivoiriens, la paternité du terme « françafrique » reviendrait à Félix Houphouët-Boigny, notre premier Président de la république.

C’est d’ailleurs pourquoi Jacques FOCCARD dira de lui « Par sa culture, par sa perception des hommes, par son bon sens et par l’amitié qu’il m’a prodiguée, Félix HOUPHOUËT-BOIGNY est un des êtres à qui je dois le plus. Sans lui, je n’aurais pas réalisé tout ce qu’on voudra reconnaître que j’ai fait de meilleur, et peut-être ne serais-je pas exactement ce que je suis ».(la françafrique ,1998 Stock, p226)

Cependant, si  pour coller à l’actualité de ces dernières années, notamment avec l’affaire Elf et ses répercussions aussi bien en France que dans certains pays africains,  les auteurs du documentaire ont cru bon de lier essentiellement la Françafrique au pétrole, il n’en demeure pas moins vrai que non seulement ce système existait depuis belle lurette et que le président Houphouët-Boigny en cautionnait, beaucoup plus intensément que d’autres,  sa pérennisation.

Et pour cause, le retour de l’aide ou le financement des partis politiques français, cette pratique chère à la françafrique,  existait bien avant l’enjeu que le pétrole prendrait quelques années plus tard. 

Ce système se déroulait dans le cadre de la coopération entre l’ancienne métropole et les pays nouvellement indépendants, principalement sur l’aide publique au développement octroyée à ceux-ci.

 1. Aide publique et financement des partis politique français

En effet, avant la découverte du pétrole en Afrique subsaharienne, les colonies exportaient vers la métropole essentiellement du bois, du manganèse  et des cultures pérennes etc..

La Côte d’Ivoire, par sa position géographique et ses potentialités, était devenue une colonie prospère en raison  du volume de plus en plus croissant des produits destinés à l’exportation. L’essor du commerce au départ des côtes ivoiriennes tout en  entrainant  le développement des infrastructures tels le chemin de fer, le réseau routier et les ports a favorisé le désenclavement de l’hinterland.

Au début des années soixante, la Côte d’Ivoire indépendante a continué de bénéficier des largesses de l’hexagone en raison de la place stratégique qu’elle occupait dans son dispositif. De plus, elle était devenue l’un des chouchous des institutions de Bretton Wood, du club de Paris et de bien d’autres institutions de financement du développement.

S’il faut reconnaître que les aides sont distribuées par plusieurs organismes, banques et ministères et que cela contribue à entretenir un certain désordre,  le montant global des prêts accordés à la Côte d’ivoire par l’Agence Française de Développement ( A.F.D) de 1980 à 1997 est de 9,5milliards de francs français, soit 950 milliards de francs CFA ou 1,5 milliards d’Euros. (Abus de Biens Publics, Louis BERIOT, Plon, 1999)

Selon les révélations faites sur les combines du « carrefour du développement », sur 100F d’aides, 25F, soit le quart, s’évapore en commissions destiné aux décideurs locaux, qui en reversent une portion aux partis politiques français pour services rendus passés, présents et à venir…

Nous pouvons donc retenir en prenant un huitième (la moitié du quart) des 950 milliards de FCFA que le volume de retour d’aide aux partis politiques français avoisine les 118,75 milliards de FCFA soit 181,250 millions d’euros sur les 17 années ou environ 7 milliards de FCFA par an.

Rapporté de façon équitable entre les deux principaux partis français, l’U.M.P et le P.S, cela équivaudrait annuellement à 3,5 milliards de FCFA chacun soit 12 et 14 % de leurs budgets respectifs, qui s’élèvent, selon le dernier exercice certifié en 2008, à 29 et 25 milliards de FCFA. ( journal Le Monde, 7 juillet 2010)

Bien que ces montants ne portent que sur l’aide publique au développement et non pas sur l’ensemble des mécanismes de retro commissions et les financements exceptionnels du trésor ivoirien en période d’élections, force est de relever qu’ils sont  sans commune mesure aux 150 000 euros soit environ 98 millions de FCFA qu’aurait versé Liliane BETTENCOURT pour la campagne de Nicolas SARKOZY.

 2. tentative ultime de la pérennisation du système

Pour la Françafrique, il fallait veiller sur la longévité du régime en place et réprimer toute tentative venant à remettre en cause ses fondements. C’est ainsi que les « faux  complots » ont prospéré en côte d’ivoire qui n’avaient qu’un seul but de maintenir le système en place ; Il fallait tuer dans l’œuf toute velléité de changement, tout désir d’émancipation de la tutelle coloniale.

Cependant, après la mort du Président HOUPHOUËT-BOIGNY, ses héritiers que sont BEDIE et OUATTARA ou plus généralement les houphouétistes n’ont pas su anticiper ou du moins s’adapter aux temps nouveaux depuis la chute du mur de Berlin.

Et c’est ainsi qu’en 2000, le Président GBAGBO, surfant en partie sur les contradictions de ses héritiers, accède à la présidence de la république, porté par une nouvelle génération d’ivoiriens avide d’indépendance vis-à-vis de l’ancienne métropole et de transparence dans la gestion des affaires publiques.

Si les contrats des grandes entreprises françaises sont reconduits, rien n’indique qu’ils le seront Ad vitam aeternam d’autant plus que la volonté d’ouverture de GBAGBO Laurent est forte et que contrairement aux usages depuis les indépendances africaines, les entreprises françaises seront soumises, comme toutes les autres, aux appels d’offres, c'est-à-dire à la libre concurrence, principe chère au néo libéralisme.

Assurément le Président Laurent GBAGBO est tout sauf un Président aux ordres  contrairement au Président HOUPHOUET-BOIGNY qui, tous les mercredis, jour du  Conseil des ministres, s’entretenait avec Jacques Foccart sur les affaires en cours. Laurent GBAGBO, lui, prend ses décisions sans avoir recours à l’aval de Paris, estimant qu’il n’est redevable qu’aux ivoiriens.  

Considérant que l’Afrique est, selon les études prospectives, le continent de l’avenir et que le sous sol ivoirien recèle d’immenses potentialités, s’y maintenir et  avoir des amis à la tête de ce pays devient une exigence capitale pour l’establishment français dans la mesure où cela offre plus de garantie pour la perpétuation des contrats.

C’est pourquoi la Françafrique fait la guerre à la Côte d’Ivoire depuis dix années et, après avoir été à l’initiative du RHDP, use de tous les moyens pour positionner, son valet, Alassane OUATTARA  comme Président de la République, en guise de services rendus.

Mais comme le dit BLE GOUDE c’est bori bana pour ce système. Car  le courage et l’esprit d’indépendance du Président Laurent GBAGBO ont été véhiculés dans la conscience de la jeunesse ivoirienne et plus généralement africaine.

S’il est vrai que dans le cadre du remboursement de l’aide, ce sont les ivoiriens qui paient tous ces détournements occasionnés par HOUPHOUET, OUATTARA et BEDIE, plus rien ne sera comme avant dans les relations entre la France et l’Afrique et plusieurs GBAGBO Laurent se lèveront pour défendre les intérêts du continent et enfin, prendre en mains son destin.

A moins qu’elle ne change de politique, la France a d’ores et déjà perdu l’Afrique.

                                                                                                              BOKA Serge Edgar

                                                                                                          (serge_edgar @ live.fr)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article