OUATTARA A L’EPREUVE DES LEGISLATIVES

Les élections législatives à venir devraient déterminer quelle formation politique est majoritaire dans ce pays. Certains analystes politiques, se basant sur les résultats électoraux précédents,  estiment  qu’il serait difficile d’observer des différences significatives par rapport au scrutin de 2010.

Ils pensent que les zones acquises aux deux camps (LMP/RHDP)  ne vont certainement pas changer et  la majorité parlementaire pourrait échoir sans trop de difficultés à Alassane OUATTARA, fort de ses 54% acquis à la présidentielle.

Mais cette démonstration ne saurait prospérer dans la mesure où d’une part,  les  élections présidentielles et législatives  obéissent à des enjeux différents  et que d’autre part , un certain nombre de paramètres relatifs à la véracité des résultats proclamés par Choï, à la capacité du Rhdp à demeurer soudé mais aussi à l’incapacité de la Lmp de se remobiliser, doit être analysé avec circonspection.

En ce qui concerne les résultats sur lesquels Alassane OUATARA fondent sa victoire, les ivoiriens ne comprennent toujours pas la fébrilité du candidat du Rhdp et de ses soutiens internationaux à  propos du  recomptage des voix proposé par le Président Laurent GBAGBO.  Se savaient-ils en difficulté au point d’avoir peur de la véracité des chiffres qui risquait de ruiner une dizaine d’années d’efforts politico-financier et militaire pour porter Alassane au pouvoir ?

Quant aux autres  paramètres évoqués plus haut, tout laisse à croire que l’importance de l’enjeu et les intérêts partisans provoqueraient certainement des fissures au sein du Rhdp qui, à maintes occasions, a déjà donné des signes d’une formation beaucoup moins homogène qu’elle ne le laisse paraître.

I.                    La division annoncée du Rhdp

Le pouvoir actuel met un point d’honneur à organiser le plus rapidement possible les élections législatives.

Ce qui semble être un empressement des gouvernants n’est tout simplement que la résultante d’une pression exercée par la communauté internationale qui, après avoir cautionnée le hold up électoral en installant par la force son poulain, veut savoir si celui-ci peut obtenir  une majorité à l’assemblée nationale.

Sachant que le Rhdp n’a été qu’une alliance circonstancielle montrant déjà en son sein des signes de dissensions et des velléités de scission au lendemain du 11 avril notamment lors de la formation du gouvernement,  la communauté internationale est préoccupée par ses contradictions criardes  qui risqueraient d’anéantir, en cas d’échec leur funeste dessein d’amender la constitution et le code foncier rural, car n’oublions pas que la Côte d’Ivoire est un no man’s land où le borodjan serait roi.

Pour l’heure, le refus de fusionner émanant des différentes chapelles qui composent le Rhdp est le signe annonciateur que chaque parti se réserve le droit de faire valoir ses intérêts notamment en ce qui concerne  le découpage électoral et le choix des têtes de listes.

A cet effet, le Pdci  qui attend le retour de l’ascenseur,  après avoir porté Alassane au pouvoir, ne lésinera sur aucun moyen pour démontrer qu’il dispose d’ un plus grand électorat que son principal allié, n’en déplaise à la technologie  de Youssouf BAKAYOKO.

Le Rdr à son tour, à travers un découpage électoral qui lui serait favorable, jouera son va tout pour s’assurer une majorité exclusive  ce qui  provoquera le courroux de son partenaire.

 La question est donc de savoir si à l’approche des législatives, les mots d’ordre des différentes instances vont être suivis par les candidats potentiels et leurs électeurs qui respectivement prendront des options et feront des choix en fonction de la réalité de leurs circonscriptions.

Mais la vérité est que malgré le soutien de Bédié, Alassane a perdu les élections présidentielles de 2010 et les élections législatives qui obéissent à d’autres considérations ne feront qu’accentuer les divisions qui séparent ces deux formations.

De tout ce qui précède, les  élections législatives verront donc des houphouétistes divisés, empêtrés dans leurs contradictions et incapables de surmonter leurs antagonismes.

II.                  Une opposition téméraire   

 L’empressement du Rhdp à aller rapidement aux élections législatives est un atout incontestable pour l’opposition car cela lui donne l’opportunité de surfer sur la tribalisation à outrance, la dégbagboïsation systématique et l’exaspération des populations sur les difficultés sociales enregistrées depuis l’arrivée des « libérateurs ».

Ajouter à cela, les promesses non tenues, les exactions et la chasse aux sorcières, l’insécurité ainsi que la mendicité internationale constituent un terreau fertile pour l’opposition qui bénéficiera, outre  du dévouement de ses militants et sympathisants, du report des voix des déçus du OUATTARISME.

Pour ce faire, l’opposition  devra se concentrer sur l’essentiel  en évitant au maximum les problèmes de personne et être beaucoup plus regardante sur les points relatifs au découpage électoral, à la liste électorale, à la composition de la CEI, à la sécurité et au financement des partis politiques.

Elle devra profiter des divergences du Rhdp et faire corps avec une partie du Pdci pour redéfinir le jeu politique ivoirien.

Au demeurant, si à l’issue des législatives, les positions restent en l’état, cela démontrera que malgré le coup de force ayant installé  Alassane OUATTARA, une bonne partie de la population reste attachée au Président GBAGBO en dépit de la campagne de dénigrement orchestrée par le pouvoir actuel.

Cela démontrera également que depuis son arrivée au pouvoir, le nouveau président n’a pas su convaincre les ivoiriens ni sur sa capacité à gouverner et ni sur celle à améliorer leurs conditions de vie.

En plus de la question du financement des ces élections prévues avant la fin de l’année, les perspectives  d’une  défaite  du Rhdp alimentent les rumeurs persistantes de leur report au premier semestre 2012.

SEKA Anselme